Saint Benoît

Benoît descendait d'une noble famille romaine de Nursie et naquit vers 480. Envoyé adolescent à Rome pour y faire ses études, il commença de s'assimiler la culture de son temps. C'est là que se produisit le premier grand changement de sa vie : il abandonna soudain Rome pour gagner le petit village d'Enfide. II y vécut un certain temps dans la société d'" hommes pieux ", puis partit, soudainement encore et en hâte, pour la solitude de Subiaco. Cette démarche n'avait rien d'extraordinaire : Benoît fit ce que beaucoup d'autres avaient fait avant lui, ou faisaient à la même époque. Il était un moine selon l'observance du temps et se cachait dans la solitude afin de vivre pour Dieu Seul. Comme les anachorètes égyptiens il vivait sans compagnons - plus que cela : sans aucune part à la vie liturgique de l'Église. Il mena cette vie pendant trois ans avant de se retrouver en contact avec un homme, et ces années ne furent pas sans luttes intimes.
Puis les moines de Vicovaro choisirent l'ermite comme abbé, et Benoît répondit à l'appel. Il ne resta pas longtemps leur supérieur car on en vint à un conflit aigu. Pour quel motif ? Le témoignage de Grégoire ne nous renseigne pas avec précision. Benoît fut-il trop sévère ? Empiéta-t-il sur la vie individuelle ? En tout cas Vicovaro fut un fiasco, et Benoît quitta la communauté pour retourner dans sa solitude. Des disciples vinrent l'y trouver de Rome, Benoît les reçut comme maître et guide. Ainsi prit naissance une colonie d'ermites qui ne se distinguait en rien des établissements égyptiens. L'isolement des individus caractérisait cette communauté, le travail manuel et la prière constituaient ses occupations. Benoît était le supérieur général, que les prieurs de chaque petit couvent venaient trouver dans leurs difficultés. Mais il initiait lui-même les nouveaux venus à la vie monastique.
Nous ne savons pas combien de temps dura ce stade. Ce qui est certain c'est que Benoît quitta Subiaco et s'établit avec ses jeunes disciples sur le Mont-Cassin. Grégoire en donne pour motif la persécution que Benoît eut à souffrir de la part du prêtre Florentius. L'hypothèse ne satisfait pas entièrement, car le prêtre meurt et Benoît qui se mettait alors seulement en route ne revient pas. Autre remarque : il abandonne tous les couvents établis sur le bord du lac et n'emmène que ses jeunes disciples. Il semble donc qu'il faille voir là autre chose que l'inimitié d'un voisin.
Sur le Mont-Cassin le saint éleva un monastère d'un autre genre, un monastère de vie commune : une grande et vaste construction, avec une basilique en l'honneur de saint Martin, un oratoire dédié à saint Jean Baptiste, une hôtellerie, des ateliers, une bibliothèque, un réfectoire, et tout ce que comprend un établissement dans lequel on doit tout avoir sous la main, de façon qu'il ne soit pas nécessaire d'en sortir. C'est là que la Règle a été écrite, c'est là que le saint a vécu comme abbé d'une grande communauté, jusqu'à ce qu'en 547 il rendît son âme à Dieu devant l'autel de l'église claustrale. C'est tout ce que nous pouvons apprendre des Dialogues de saint Grégoire.
"Patriarche des moines d'Occident", Benoît n'est pas le fondateur d'un nouveau monachisme, mais sa Règle s'imposa bientôt comme "l'expression la plus heureuse eet la plus pratique de la sagesse traditionnelle du cénobitisme".
L’action civilisatrice de ses Fils lui vaudra le titre de “Père de l’Europe”. Son premier, son unique souci reste, cependant, qu’ “en tout Dieu soit glorifié”.