Les Saints Abbés de Cluny,
Odon, Maïeul, Odilon, Hugues et Pierre

En 909, alors que le Concile de Trosly déplore les ruines de la discipline sans savoir comment y remédier, Guillaume le Pieux, duc d’Aquitaine, et le moine Bernon, abbé de Baume les Messieurs dans le Jura, fondent Cluny. Ce nouveau monastère devient le modèle de l’observance religieuse et est à l’origine d’un mouvement réformateur très profond.
Une des causes du rapide succès de Cluny fut, sans nul doute, la longévité exceptionnelle des premiers abbés : on n’en compte que six pour les deux premiers siècles d’existence de Cluny.

Odon, qui était entré à Baume vers 903 fut rapidement le bras droit de Bernon à Baume puis à Cluny. Il veilla à ce que Cluny ait une bonne bibliothèque, afin que les moines puissent se cultiver spirituellement et intellectuellement. Il fit également que Cluny devînt centre réformateur monastique. Odon mourut en 942, ayant également réformé l’abbaye de Fleury.

Maïeul, originaire de Provence orientale, entra à Cluny vers 945. L’abbé Aymard le choisit comme coadjuteur en 954 et il lui succéda en 965. Maïeul étant d’une grande culture, et il continua l'oeuvre de Saint Odon. Il visita les monastères clunisiens et réforma ou fonda de nouvelles communautés, jusqu'à Lérins, Pavie, Auxerre.
Appelé par Hugues Capet à réformer Saint Denis, Maïeul mourut en route, au prieuré de Souvigny, le 11 mai 994. Le culte de Maïeul se répandit très vite et son tombeau devint bientôt un lieu de pèlerinage très fréquenté.

Odilon, originaire d'Auvergne en 961 ou 962, fut d’abord chanoine de Saint Julien de Brioude. Il entra à Cluny vers 990 et devint coadjuteur de Maïeul, en 993, et abbé l'année suivante. C’est pendant son abbatiat que commença le rayonnement, tant sur le plan spirituel que temporel, de Cluny, aux dimensions de tout l’Occident latin.
Odilon créa l’ « ordre » de Cluny : vaste réseau d’établissements dépendants de l’abbaye Mère. C’est de son époque que date la constitution d’une historiographie proprement clunisienne. Sa propre œuvre d’écrivain nous montre une dévotion eucharistique et mariale. Il écrivit des textes hagiographiques en l’honneur de son prédécesseur Maïeul et de l’impératrice Adélaïde.
Il mourut en dans la nuit du 31 décembre 1048 au 1er janvier 1049, au prieuré de Souvigny et y fut inhumé aux côtés de Saint Odon.

Hugues, naquit en 1024. Agé de sept ans il partit chez son grand-oncle Hugues, évêque d’Auxerre, afin d’y recevoir une éducation religieuse. Il entra à l’âge de 13 ans à l’abbaye Saint Marcel de Chalon, et de là à Cluny, deux ans plus tard. Dès l’année de son élection comme abbé de Cluny en 1049, il fut impliqué dans les grandes questions de l’Eglise. Il fut à plusieurs reprises nommé légat du pape, envoyé en missions difficiles dans l’empire de Germanie et même en Hongrie. Hugues mourut le 29 avril 1109.
Calixte II, qui avait été élu pape à Cluny même en 1119, revint à Cluny le 1er janvier suivant et ordonna de solenniser par un culte liturgique l’anniversaire de la mort d’Hugues. Le culte de Saint Hugues fut célébré dès cette date, dans l’ordre clunisien.

Pierre-Maurice de Montboissier, était originaire d'Auvergne. Il fut élevé au prieuré de Sauxilanges, dépendant de Cluny. Il fut élu abbé de Cluny en 1122, alors qu’il n’était âgé que de 30 ans. Pierre eut besoin de tout son savoir-faire et de ses qualités de négociateur pour défendre l’esprit clunisien contre le dynamisme peu compréhensif de Cîteaux. En 1132, Pierre réunit un chapitre général à Cluny : deux cents prieurs et plusieurs centaines de moines, pour restaurer la discipline dans l’ordre.
Sous l’abbatiat de Pierre le Vénérable, l’effectif des moines de Cluny passa de 300 à 400, tandis que le nombre de maisons de l’ordre atteignit le nombre de 2 000. Mais cette prospérité n'était qu'apparente : l’abbatiat de Pierre fut pénible. Il fut combattu à l’extérieur et à l’intérieur.
Pierre mourut le 25 décembre 1156 et fut enseveli dans le chœur de l’église abbatiale. Son culte officiel n’est que peu attesté. Il fut le dernier des grands abbés de Cluny, et le prestige de l’illustre abbaye contribua indirectement à l’importance que Pierre le Vénérable eut dans les affaires de l’Eglise et du monde dans la première moitié du XIIème siècle.

Pour avoir une biographie plus développée de chacun des abbés de Cluny, veuillez vous reporter aux notices biographiques de la partie "Histoire Bénédictine" du présent site. Saint Odon, Saint Maïeul, Saint Odilon, Saint Hugues, Saint Pierre le Vénérable.