Saint Grégoire VII, moine de Cluny, pape.

Hildebrand naquit à Soana, en Toscane, vers l’an 1027, dans une famille modeste. On ne sait rien de lui avant de le retrouver, en 1045, dans l’entourage du pape Grégoire VI. Il suivit ce dernier lors de son exil en Allemagne où l’avait relégué l’empereur Henri III à la suite du synode de Sutri de 1046.
Après la mort de son protecteur, Hildebrand entra à l’abbaye de Cluny et y fit profession monastique. Après l’élection comme pape de Brunon, évêque de Toul (Léon IX), Hildebrand est appelé à Rome afin de réformer l’abbaye de Saint Paul hors les murs. Même s’il n’eut qu’un rôle mineur dans l’entourage de Léon IX, Hildebrand faisait partie des tenants de la réforme de l’Eglise, que le pape d’Alsace avait fait venir auprès de lui.
Dès l’avènement de Nicolas II en 1059, Hildebrand joua un rôle plus important. Il fut l’un des inspirateurs du décret du synode du Latran qui réservait aux cardinaux-évêques le droit d’élire les papes, contrant ainsi définitivement le pouvoir de l’empereur ou de la noblesse romaine en la matière.
Hildebrand devint le principal conseiller du pape Alexandre II (1061-173), au point qu’il est parfois difficile de discerner la part du pape et de la sienne dans les décisions importantes qui furent prises à cette époque. C’est en effet sous son influence que l’Eglise romaine commença à soutenir énergiquement les mouvements religieux qui se multipliaient en Italie et qui, partant de la base, voulaient lutter contre les mauvaises mœurs du clergé. Un autre objectif était de réduire l’autorité de l’empereur ou des seigneurs laïcs dans la nomination des évêques et des abbés. Un des moyens d’y parvenir fut d’encourager les églises locales à recourir à Rome, ce qui permettait ensuite au saint Siège d’intervenir.
A la mort d’Alexandre II en 1073, Hildebrand fut élu immédiatement pape, sous le nom de Grégoire VII. Dès 1074 il convoqua des synodes réformateurs pour l’Italie, où les clercs simoniaques (qui avaient acquis leurs fonctions à prix d’argent), et les prêtres mariés ou concubinaires étaient écartés du ministère. L’année suivante, Grégoire VII s’attaqua à l’investiture laïque des évêques, dans tous les pays d’Europe. La querelle devint vive en Germanie où Henri IV convoqua l’épiscopat à Worms en 1076. A cette réunion, le pape fut déclaré indigne de ses fonctions pontificales, et l’épiscopat lui refusa toute obédience. Le pape, en réponse, convoqua un synode au Latran où il déposa et excommunia le roi. Des évêques furent également excommuniés, accusés d’avoir désobéi à l’église romaine.
Henri IV, contesté dans son propre pays, fut obligé de se soumettre en allant demander pardon au pape qui se trouvait alors à Canossa. L’empereur était accompagné par son parrain, Hugues, abbé de Cluny. Même si cette rencontre fut humiliante pour l’empereur, elle ne résolut pas le conflit. Après avoir retrouvé l’autorité dans son pays, Henri envahit l’Italie en 1081 et fit une nouvelle fois proclamer la déchéance de Grégoire VII qui dut se réfugier au château Saint Ange. Un antipape fut élu qui fut intronisé à Rome sous le nom de Clément III. Celui-ci couronna Henri IV empereur.
Les troupes normandes de Robert Guiscard firent une incursion et libérèrent Grégoire VII, mais mirent Rome à feu et à sang. Le pape, devenu impopulaire dans la cité à demi détruite, dut se retirer au Mont Cassin puis à Salerne, où il mourut en 1085.