Bienheureux Jean de la Barrière, abbé et réformateur de Feuillant.

Jean de la Barrière naquit en 1544 dans le Lot. Son père était gentilhomme du Quercy. Il se sentit appelé à la vie ecclésiastique et fit des études à Toulouse et à Bordeaux.
En 1565 Jean fut nommé abbé commendataire de l'abbaye de Feuillant, près de Toulouse. En 1573 l'abbé commendataire prit la résolution devant Dieu de se faire religieux et de réformer son abbaye. Les douze moines qui y vivaient menaient une vie franchement mondaine, et furent rebelles à toute idée de réforme. Après avoir fait un noviciat et avoir été ordonné prêtre, Jean retourna à Feuillant, mais les moines restaient opposés à l'idée de leur abbé.
Après avoir reçu la bénédiction abbatiale à Toulouse en 1577, Jean revint à Feuillant plus décidé que jamais. Devant une telle ténacité, les opposants à la réforme partirent en d'autres monastères, et l'abbé resta avec quatre religieux.
En 1586, la réforme de Feuillant reçut la première approbation papale de Sixte V, et l'année suivante l'abbaye comptait près de 150 religieux. Des fondations furent faites, d'abord à Rome, puis à Paris. Une communauté de moniales fut créée à Bordeaux.
En 1590 les cisterciens étaient assez mécontents de l'abbé de Feuillant qui envisageait de rompre Cîteaux. Deux ans plus tard, un chapitre général des Feuillants de France et d'Italie eut lieu à Rome, présidé par un délégué du Pape. Afin de retrouver la paix entre les communautés, l'abbé de Cîteaux et l'abbé de Feuillant furent contraint de démissionner. Jean de la Barrière fut privé de tout pouvoir sur la congrégation qu'il avait fondée, et eut à subir de nombreuses et pénibles accusations. Il vécut huit ans au couvent romain de Saint Bernard aux Thermes.
Clément VIII, pressenti par le cardinal Bellarmin, fit réviser le procès, qui aboutit à une réhabilitation de l'abbé de Feuillant. Mais Jean de la Barrière ne survécut pas longtemps à ces événements, et mourut à Saint Bernard aux Thermes le 25 avril 1600. Clément VIII vint prier devant la dépouille mortelle, et donna à Jean de la Barrière, par anticipation, le titre de bienheureux.

La réforme de Feuillant était très rigoureuse. Pour lui-même, l'abbé était d'une incroyable austérité. Il n'imposait pas la même rigueur à ses moines, mais sa conception de la vie religieuse s'écartait notablement de celle des premiers cisterciens. C'est la raison pour laquelle les abbés de Cîteaux réagirent. L'observance ne se maintint pas à ces hauteurs continuellement héroïques. La congrégation s'éteignit comme tous les ordres religieux, dans la tourmente révolutionnaire, en 1791.