Saint Norbert.

Norbert naquit vers 1085 à Xanten, non loin de Maastricht. Il devint chanoine à la collégiale de Xanten, puis fréquenta la cour de l'empereur, comme beaucoup d'ecclésiastiques non prêtres à l'époque.
S'étant converti assez subitement en 1115, après avoir vu tomber la foudre non loin de lui, il entra à l'abbaye bénédictine de Siegburg près de Cologne. La vie monastique n'étant pas sa vocation, il revint à Xanten, et s'efforça de convaincre le chapitre qu'il devait respecter la Règle des Chanoines. Mais les chanoines ne consentirent pas à abandonner leurs privilèges.
Norbert partit alors pour Saint Gilles en Languedoc, pour y rencontrer le pape Gélase II, alors exilé en ce lieu. Gélase lui ayant donné l'autorisation de prêcher où il voudrait, Norbert parcourut le Nord de la France et l'actuelle Belgique, appelant les clercs à la conversion, en particulier dans le domaine des mœurs et de la richesse.
En 1119 Norbert se rendit au Concile de Reims, pour demander au pape Calixte II le renouvellement de son mandat de prédicateur. Sur les instances de Barthélemy, évêque de Laon, l'autorisation lui fut donnée, mais pour ce seul diocèse. Barthélemy nomma Norbert chanoine de Saint Martin de Laon. Norbert en profita pour suivre les cours de l'Ecole Cathédrale, une des plus réputées à cette époque. Comme chanoine de Saint Martin, il n'aboutit pas non plus à réformer le chapitre. L'évêque lui offrit alors le domaine de Prémontré, où il put fonder sa propre communauté. Les premiers disciples avaient été avec lui élèves de l'école cathédrale.
La fondation débuta en 1121, et à la Noël de cette même année une quarantaine de clercs firent profession. La collégiale fut consacrée en novembre de l'année suivante. Aussitôt après, on assista à une floraison de maisons religieuses se rattachant à Prémontré, soit par essaimage, soit par affiliation de communautés déjà existantes.
A l'origine, Norbert ne cherchait pas à fonder un nouvel ordre religieux, mais chercha à expérimenter une formule de vie apostolique : prêcher l'Evangile dans la pauvreté et reproduire l'image de l'Eglise primitive de Jérusalem. Il était habité du même courant de réforme que beaucoup de moines et religieux de son époque. Mais Norbert chercha une règle qui lui permît de concilier les exigences de l'état canonial, auquel il appartenait depuis sa jeunesse, avec celles de la vie apostolique, à laquelle il s'était adonné après sa conversion. Ce fut la Règle de Saint Augustin que les frères de Prémontré promirent d'observer. Les frères devinrent donc chanoines réguliers.
En 1125, se rendant à la diète de Spire, en Allemagne, pour des négociations diplomatiques délicates, Norbert fut élu archevêque de Magdebourg, sur l'Elbe, qui était alors la métropole religieuse de l'Allemagne de l'Est dont dépendait une partie des régions slaves plus au Nord et non encore christianisées. Norbert demeura deux ans évêque et supérieur de Prémontré. Mais en 1128 il fut remplacé à la tête de la nouvelle congrégation par Hugues de Fosses, un de ses premiers disciples. Celui-ci, grand admirateur de Saint Bernard et du mouvement cistercien, donna un caractère plus monastique à l'ordre, qui connut une extraordinaire expansion.
Norbert s'appuya sur ses propres fils spirituels pour faire évoluer le climat religieux dans son diocèse. Il fonda des monastères Prémontrés et essaya de réformer le chapitre cathédral de Magdebourg. Cela lui valut plusieurs tentatives d'assassinat, ainsi que des émeutes, qui l'obligèrent par deux fois à fuir. En 1129 il réussit pourtant à rétablir son autorité. Il s'activa également pour la christianisation des peuples à l'Est de l'Elbe, et là aussi il fonda des monastères Prémontrés, des églises canoniales et des écoles cathédrales.
Les dernières années de Norbert furent marquées par son implication dans le conflit de la double élection papale. Comme Saint Bernard, la France et l'Italie, il reconnut Honorius II, tandis que l'empereur et une partie du clergé germanique choisit Anaclet II. L'affaire fut réglée définitivement à l'assemblée de Liège où les réformateurs modérés tels que Norbert, soucieux de rétablir les bonnes relations entre l'empire et la papauté, firent prévaloir leurs vues. Norbert accompagna ensuite Lothaire à Rome où, d'une part l'empereur reconnut Honorius comme pape, et celui-ci couronna Lothaire comme empereur de l'empire romain germanique.
Les deux chefs de la chrétienté manifestèrent leur gratitude à Norbert, dont le rôle personnel avait été décisif dans cette crise qui avait risqué de détruire l'unité de l'Eglise latine.
Norbert quitta Rome atteint de malaria dont il ne se remit pas. Il s'efforça de gouverner son diocèse malgré la maladie, et mourut deux années plus tard, le 6 juin 1134, âgé d'environ 55 ans.