Traité de l'Humilité et de l'orgueil : Postface.

57. Geoffroi, mon frère, tu vas dire, sans doute, que j'ai décrit tout autre chose que ce que tu m'avais demandé (et que j'avais moi-même promis) : car au lieu des degrés d'humilité, j'ai expliqué les degrés d'orgueil.
Voici ma réponse : je ne puis enseigner que ce que je connais.
Je n'ai pas cru décent de décrire des ascensions, moi qui sais plutôt descendre que monter.
Saint Benoît peut te proposer ses degrés d'humilité, parce qu'il les a, d'abord, disposés dans son propre cœur .
Moi, je n'ai rien à montrer que mes chutes successives.
Cependant, si on y regarde bien, on pourra retrouver, dans ma descente, la route qui monte.
Si, allant à Rome, tu rencontres un homme qui en vient, et lui demandes ta route, que peut-il faire de mieux que de te montrer celle par laquelle il est venu ?
À mesure qu'il te nomme les bourgs, les hameaux et les villes, les fleuves et les montagnes par où il est passé, il ne décrit pas seulement son chemin, il t'annonce le tien.
En allant, tu reconnaîtras les mêmes lieux qu'il a traversés en venant.
De même, dans notre descente, tu trouveras peut-être des degrés ascendants,
et en les montant, tu les liras mieux dans ton cœur que dans notre livre.


Saint Bernard : Traité de l'Humilité et de l'orgueil, Postface.

Extrait de : Saint Bernard
Coll. « Les Écrits des Saints »
Textes choisis et présentés par
Dom Jean Leclercq, bénédictin de Clervaux
Traduction Sœur Elisabeth de Solms, bénédictine
Les Éditions du Soleil Levant, Liège, Belgique, 1958

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